Lecture : "L'arche avant Noé" de I. Finkel
Conservateur au British Museum, Irving finkel lit couramment les tablettes couvertes de petits triangles taillés. Il s'agit de l'écriture cunéiforme, utilisée pour les langues sumérienne puis akkadienne, pendant trois mille ans, et parfaitement illisible pour le commun des mortels.

Dans « l’Arche avant Noé », l’éminent assyriologue narre, non sans humour, la découverte d’une tablette rédigée au cours de la période paléo-babylonienne (1900-1700 ans avant J.-C.).
La première partie de l’ouvrage décrit l’écriture cunéiforme, raconte comment les chercheurs l’ont redécouverte et comprise au XVIIIème siècle, ainsi que l’histoire des peuples qui ont laissé ces traces écrites de leurs comptes, lexiques et croyances.
Cette tablette patiemment déchiffrée par Finkel évoque un déluge divin. Ce n’est pas la première, ni la seule, apprend-on. Les spécialistes recensent plusieurs tablettes, provenant de fouilles en Mésopotamie, qui évoquent le mythe de l’inondation rédemptrice dans des termes semblables à l’Ancien Testament, écrit environ mille ans plus tard.
Mais la tablette dite « de l’Arche » a pour singularité d’être un mode d’emploi pour construire une arche géante, circulaire, ayant la forme d’un coracle, embarcation traditionnelle de Mésopotamie.
Le chercheur compare méthodiquement toutes les versions des tablettes (au risque de perdre le lecteur). Puis il explique comment le mythe de l’Arche de Noé trouve, vraisemblablement, son origine dans l’ancienne Mésopotamie (actuelle Irak), terre de marais, inondable, située entre le Tigre et l’Euphrate. Le récit s’est sans doute forgé avant l’écriture, il y a plus de deux millénaires, puis il s’est diffusé au fil des siècles, consigné et répété par des scribes.
Enfin, Irving Finkel raconte comment il a reconstruit, avec un ingénieur, une arche ronde pour un documentaire de télévision.
J’ai bien aimé ce livre érudit mais accessible, qui résume une histoire de la Mésopotamie et dégage les racines profondes d’un mythe commun à l’Humanité.