Lecture : "Bleu de Delft"
Dernière mise à jour : 12 avr.
"Bleu de Delft" de Simone van der Vlugt est le récit, à la première personne, d’une jeune veuve hollandaise, au milieu du XVIIe siècle, qui fuit sa campagne natale avec l’espoir de mener une meilleure vie. Malgré les aléas et les bonheurs de sa vie conjugale, elle parvient à devenir une artiste reconnue à Delft, dans le secteur de la porcelaine hollandaise. Elle côtoie des peintres célèbres comme Maes, Vermeer, Fabritius.
J’apprécie les romans historiques sur les artistes et le siècle d’or hollandais m’intéresse particulièrement. Ce roman est très agréable, fluide, intéressant et bien documenté. La narration à la première personne justifie un récit linéaire, subjectif, elliptique et l’absence de contexte politique. L’absence de repères chronologiques précis autorise l’évocation de faits historiques dramatiques sur les trois années du récit. Je me suis étonné de la grande liberté d’expression de la protagoniste. La religion et les conventions sociales sont évoquées, mais elles ne semblent pas peser pour l’héroïne déterminée à vivre comme elle l’entend. Contrairement au roman "La jeune fille à la perle" de Tracy Chevalier, par exemple, la parole et les sentiments ne sont pas retenus.

Mais j’ai regretté le style moderne, qui m’a paru anachronique, alors que c’est supposé être une autobiographie. Sans aller jusqu’à l’admirable intégrisme langagier d’Umberto Eco pour "Le nom de la rose" (avec du latin non traduit), l’auteure aurait pu adopter un style plus soutenu et utiliser quelques mots d’époque. Les livres de Jean-Christophe Rufin sont des bons exemples puisque l’auteur change de style et son vocabulaire selon l’époque de ses récit. Est-ce qu’une écriture « à l’ancienne » est un impératif pour un roman historique ? Est-ce au contraire artificiel ? Simone van der Vlugt s’est-elle dit qu’un tel style factice ne serait pas celui de son héroïne, franche, si elle vivait de nos jours ?
Ce sont certainement des questions que se pose tout écrivain de roman historique.
Un autre roman qui se déroule à la même époque :
Alexandre Dumas - La Tulipe noire
D'autres romans sur le peintre flamand Van Eyck :
Elisabeth Berlorgeay - Autoportrait de Van Eyck
Jean-Daniel Baltassat - Le valet de peinture