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Interview de Jean-Yves Le Gall, président de l'agence européenne GNSS (GSA)

Dernière mise à jour : 14 sept. 2021

Jean-Yves Le Gall « Nous écrivons un chapitre extraordinaire dans l'histoire de l'Espace. »

Président du CNES (Centre National d’Études Spatiales), Jean-Yves Le Gall avait été élu Président du conseil d'administration de l’Agence européenne du GNSS Galileo (GSA) en juillet 2016, pour 4 ans. Alors que son mandat s’achève, il revient sur ce qui a été accompli dans un entretien publié le 6 juillet 2020 sur le site de l'agence. Voir l'interview originale, en anglais.

Traduction et adaptation par Stéphane Crolard pour son blog GNSS Galileo - Le vrai du faux...



Siège de l'agence GSA

Au cours de votre mandat, la GSA a connu de nombreux changements et Galileo et EGNOS ont considérablement évolué. Quelles sont, selon vous, les principales réalisations ?

Partout où nous regardons, nos vies sont façonnées par les données satellitaires, que nous en soyons conscients ou non. Nous comptons sur les applications de cartographie et la navigation par satellites pour trouver notre chemin dans le monde entier. Nous utilisons des prévisions météorologiques par satellites pour décider des vêtements à porter. Et nous utilisons des observations par satellite pour surveiller la qualité de l'air, prévoir les épidémies, détecter les changements en agriculture, surveiller les réserves d'eau, et bien plus encore. De plus, l'optimisation, grâce à Galileo, des flux de trafics et des transports ferroviaire, maritime et aérien contribue à préserver l'environnement.

Je considère comme une réalisation majeure que Galileo et toutes les parties impliquées dans le projet - la Commission européenne, l'Agence spatiale européenne, l'industrie spatiale européenne et bien sûr GSA - aient réussi à contribuer à cette évolution, en favorisant l'omniprésence des services et des applications par satellites dans nos vies.

Galileo qui a fait des progrès importants. Depuis le lancement des premiers services de Galileo (Galileo Initial Services), en décembre 2016, nous comptons 1,5 milliard de smartphones compatibles avec Galileo sur le marché. C'est une réalisation étonnante et cela montre que le marché apprécie la précision et la robustesse accrues que Galileo offre.

En mars 2018, nous avons également vu le lancement d'eCall, le système de réponse d'urgence de l'UE, qui appelle automatiquement les services d'urgence et indique la position du véhicule, en cas d'accident de la route. Depuis, plus de 3 millions de véhicules compatibles eCall ont été vendus en Europe. En accélérant les temps de réponse aux urgences, on estime qu'eCall pourrait aider à prévenir 2 500 morts sur les routes et à économiser 26 milliards d'euros chaque année. Il s'agit d'un exemple très concret de la façon dont le positionnement par satellites améliore nos vies.

La recherche et le sauvetage sont un autre exemple. Avec le lancement de Galileo Initial Services, nous avons mis en service le service Galileo SAR Search and Rescue Forward Link, réduisant les temps de localisation des opérations de recherche et de sauvetage de deux heures à 10 minutes. Ensuite, nous avons lancé le service de liaison retour SAR, une évolution importante qui permettra de sauver encore plus de vies.

Parallèlement à Galileo, le programme EGNOS a également évolué. Dans plus de 361 aéroports, dans 24 pays, plus de 636 procédures d'approche basées sur EGNOS ont été mises en œuvre. Ces programmes sont désormais opérationnels et nous devons continuer à les améliorer pour atteindre des objectifs stratégiques, tels que la neutralité carbone.

Ces avancées placent l'Europe en leader mondial des télécommunications et de la connectivité.

Comme nous l'avons démontré lors de la récente crise sanitaire, le programme spatial européen est très rapide à adapter et peut soutenir le développement et la mise en œuvre rapides de solutions aux problèmes sociétaux pressants, comme ce fut le cas avec l'application Galileo Green Lane, qui a facilité la circulation des biens essentiels pendant la pandémie.

Je suis très fier d'avoir présidé le conseil d'administration pendant quatre ans et d'avoir contribué au développement de la politique spatiale dont l'Europe a tant besoin, pour son indépendance stratégique et pour soutenir son économie. Je tiens à remercier et à féliciter tous les acteurs clés de ce qui est aujourd'hui un succès mondial, les États membres pour le développement d'une politique spatiale très ambitieuse, le Parlement européen, la Commission européenne, l'Agence spatiale européenne, l'industrie spatiale européenne et bien sûr, les femmes et les hommes de GSA.



Quelle devrait être notre priorité pour l'avenir ?

La situation actuelle de la pandémie de coronavirus a montré à quel point notre économie est vulnérable aux menaces de cette nature. Pour relever de tels défis et ceux à venir, il est de notre rôle d'encourager la communauté des chercheurs et l'industrie à tirer parti des investissements que l’Europe consacre à l'Espace. C’est également notre rôle d’aider les entreprises, petites et grandes, à adapter les innovations issues de l’Espace aux besoins des utilisateurs, afin de renforcer l’indépendance et la position économique de l’Europe. Il s'agit d'une mission importante qui doit être poursuivie.

L’agence GSA doit continuer à promouvoir la valeur ajoutée de la précision de Galileo et à encourager les entreprises à développer des applications utilisant Galileo et EGNOS. Elle doit également se concentrer sur l'optimisation de ses ressources pour répondre aux besoins des utilisateurs et des entreprises et contribuer à la mise en place d'un écosystème spatial, à travers un réseau de pôles d’entreprises du secteur spatial, aux niveaux national et régional. Rapprocher les communautés scientifiques et industrielles qui exploitent les signaux et données spatiaux, celles qui participent au programme spatial et celles qui développent les technologies numériques, permettraient de créer des produits européens pour un NewSpace made in Europe. Enfin, la collaboration avec les États membres et d'autres entités européennes devrait être intensifiée pour favoriser l'utilisation des données spatiales afin de garantir que la croissance économique et les avantages des investissements européens dans l'Espace se font sentir dans ses États membres.

Comment voyez-vous l'évolution du programme spatial européen et de la GSA ? Nous vivons à une époque où les données satellitaires, que ce soit le positionnement ou l'observation, jouent un rôle de plus en plus important dans notre société et dans notre économie. Elles créent des opportunités et des emplois. Elles aident à relever les défis auxquels nous sommes confrontés, en tant que société. En conséquence, je pense que l'avenir est prometteur, tant pour le programme spatial européen, que pour la GSA.

En devenant l’Agence du programme spatial de l'Union européenne (EUSPA), en janvier 2021, la GSA continuera à jouer un rôle crucial avec toutes les différentes entités du programme spatial européen. Elle contribuera à rendre l'industrie et les entrepreneurs européens plus résilients en tirant le meilleur parti de ce que le programme spatial européen a à offrir.

Avez-vous des recommandations ou des conseils à adresser à la GSA, aux États membres ou à votre successeur ?

Outre les questions que j'ai soulignées, je voudrais dire que nous avons la chance en Europe de disposer d'une gamme d'entités développant des programmes spatiaux qui font l'envie du monde. Plus que jamais, nous devons travailler ensemble pour permettre à l'Europe de continuer à écrire un chapitre extraordinaire de l'histoire de l'Espace !


Source : Agence européenne GNSS Galileo, siège à Prague http://www.gsa.europa.eu

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